L’Hôtel de Ville de Saint-Quentin – Aisne … (3) …

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(1) https://cerisemarithe.wordpress.com/2012/12/28/lhotel-de-ville-de-saint-quentin-aisne-1/

(2) https://cerisemarithe.wordpress.com/2013/01/31/lhotel-de-ville-de-saint-quentin-aisne-2-2/

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Poursuivons la promenade dans l’imagerie luxuriante

de la façade de l’hôtel de ville, au rez de chaussée, étage des Jurés…

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Piliers côté lumière

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Côté ombre, sous les arcades

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Culs-de lampe des piliers, lumière (L) et ombre (O), de droite à gauche :

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1 – (L) – Scène symbolique

Un homme brise une branche qui symbolise les férules féodales, la loi du seigneur. Derrière lui un parchemin qui représenterait la charte communale… En 1080, Herbert IV, Comte du Vermandois, établissait les bourgeois de Saint-Quentin dans leurs franchises communales.

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1 – (O) – Le vilain, personnage populaire déculotté.

C’est une sculpture très présente sur les édifices religieux ou civil du Moyen-Age. Bien sûr, comme celles du même style sur l’hôtel de ville, elle a fait scandale !

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2 – (L) – Le bouffon

Reconnaissable à son habit à grelots. il tient une outre à vin qui, d’après d’anciens documents, aurait été auparavant une cornemuse … Cette fonction était très importante. Les Comtes de Vermandois, désirant posséder un train de vie égalant celui des grandes cours, tenaient à avoir leur propre bouffon … On célèbre toujours la « Fête du Bouffon », à Saint-Quentin, tous les week-end de Pentecôte …

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2 – (O) – Le greffier

Homme de l’écrit sérieux, il est placé derrière le bouffon, homme de la parole et de la dérision.

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3 – (L) – Le Mayeur

Bourgeois richement vêtu qui accueille les gens à l’entrée de l’hôtel de ville

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3 – (O) – L’avocat-conseil

Une des charges de la commune avec le greffier, conseiller du Mayeur face au pouvoir royal et central.

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4 – (L) – Le gouverneur

Placé à la droite du Mayeur. Ce personnage a été défiguré sans doute lors d’une guerre

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4 – (O) – La justice

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5 – (L) – L’accueil

La représentation d’une qualité. Ce jeune écuyer semble présenter sur un coussin les clés de la ville, comme c’était l’usage jadis quand on voulait honorer un hôte de marque. Or, il n’y a pas de clé sur le coussin !
Tout est symbole … cette absence paraît volontaire et signifierait que Saint-Quentin, connue pour son indépendance, sait accueillir mais ne se soumet pas.
Une anecdote rapporte qu’Henri IV, de passage à Saint-Quentin, refusa de prendre les clés qu’on lui présentait parce qu’elles étaient entre de bonnes mains.

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5 – (O) – La moquerie

En opposition et/ou en complément à l’accueil, on ne se soumet pas et éventuellement, on se moque !

6-Eleonore de Vermandois

6 – (L) – Éléonore de Vermandois

Femme d’érudition, politique négociant avec le roi, protectrice des arts. Ce fut la dernière comtesse du nom, à sa mort en 1214, le comté revint au royaume…

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6 – (O) – Le dépit

Un vieillard qui s’arrache la barbe et la moustache, pouvant symboliser le désespoir local. Après Éléonore, la commune sera seule face au pouvoir royal qui lui disputera peu à peu ses prérogatives !

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Culs-de-lampe sous les arcades :

Témoignages de la vie locale

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La transmission allégorique de la charte.

Cette scène évoquerait l’établissement de la commune de Saint-Quentin en 1080, par le comte Herbert IV. L’attitude du personnage de gauche, un noble, est respectueuse à l’égard du bourgeois, à droite, derrière lequel se déroule un parchemin symbolisant probablement la charte communale.

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Les joueurs

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La tonte de la truie

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Les mâles : homme, taureau, coq

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Les essarteurs.

La pratique du déssouchage  était réglementée.

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Les vendanges

Les vignes ont existé à Saint-Quentin jusqu’au XVI ème siècle… La « piquette » locale a été remplacée par des vins de meilleures qualités quand le commerce s’est répandu.

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L’apothicaire ou le grainetier

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Le repas

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Culs-de-lampe des contreforts

Leur signification fait référence à leur environnement, orientation vers la rue aux étals de bouchers, rue des boulangers, ruelle de la « petite putain » devenue  » rue du « petit butin », maison « à la Nef d’or » .

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Le maquignon

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La boulangère

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La petite putain

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L’aventurier

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Source des commentaires :

« Démons et merveilles de l’hôtel de ville de Saint-Quentin »  Bernard Lebrun – Editions du Quesne

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*  Photos Marithé  * :

Si celles-ci n’ont pas toujours la même couleur, c’est qu’elles ont été prises à des moments différents, avec des luminosités variées…


… A SUIVRE … DANS UNE PROCHAINE NOTE …

~ par cerisemarithe sur 04/02/2013.

6 Réponses to “L’Hôtel de Ville de Saint-Quentin – Aisne … (3) …”

  1. A propos du vin, ces lignes de M-C Chevalier :
    – « En 1540 François Ier se faisait réserver le vin du fameux clos et Henri IV qui « aimoit moult à le voir sur sa table » en reçut un pot des bourgeois de St-Quentin lors de sa visite en 1590 ; cette ville excellait dans les réceptions de Souverains et hautes personnalités où le vin coulait à flots : l’amiral de Coligny en recevait en avril 1557 douze pots de vin blanc ; lors de la réception en grande pompe le 22 Avril 1567 du jeune Charles IX, de la reine mère et de leur suite, ce fut des pièces entières de vin blanc et de vin clairet que l’on distribua. »
    Soc. Hist. de Hte-Picardie (1980).

    • Apparemment, le vin ruisselait abondamment à Saint-Quentin !
      Les Mémoires de la Société Académique montre un fort développement des caves à vin à Saint-Quentin, un commerce réglementé florissant auquel effectivement Henry IV, comme d’autres souverains, s’est beaucoup intéressé, les droits perçus sur ce commerce étant fort intéressants! Il était d’usage d’offrir des pièces entières de vin, en maintes réceptions et occasions…

      Cliquer pour accéder à Tome_002_page_043.pdf

      Merci JEA pour cet apport bien intéressant…

  2. Coucou, c’est vraiment étonnant ces différents personnages que tu nous décris là, j’avoue que certains d’entre eux m’ont vraiment fait une drôle d’impression « le vilain par exemple », quand on y prête bien attention on sent revivre tous ceux qui faisaient partie de la ville de Saint Quentin au Moyen âge, c’est très expressif et métaphorique. Bravo pour les photos, je sais ce que ça demande comme patience, passe une bonne soirée, @plus tard sur wordpress, Bizzz
    The Dude.

    • C’est vrai que « le vilain » est très provocateur, mais je n’ai pas voulu faire de censure…
      Toutes les représentations font partie de l’Histoire et de l’histoire locale de cette époque, y compris la grivoiserie…
      Les séries côté lumière, face à la place, évoquent des personnages ayant joué un rôle historique ou ayant exercé des fonctions communales…
      Les séries côté ombre évoquent des personnages ayant tenu des charges communales auprès des notables et des personnages aux comportements populaires particuliers.
      Ces séries ont leurs propres cohérences et les représentations en haut d’un même pilier sont souvent complémentaires ; de plus, les positions occupées par ces sculptures sont souvent symboliques, renforçant ainsi l’intérêt à leur accorder…
      Toute cette imagerie est à portée de vue et fait partie de notre quotidien…
      Bizzzzzzz, à bientôt Frédéric

  3. J’aime assez cette opposition ombre et lumière, résistance étant le maître-mot.
    L’Histoire continue à se dérouler devant nous avec ses luttes de pouvoir local et royal.
    J’aime particulièrement l’énoncé des petits métiers et la « petite putain » occultée par une certaine pudibonderie un peu comme les fleurs » verges d’or » qui sont devenues les « gerbes d’or ».
    La fête des Bouffons? Tiens donc! J’aime bien ce bouffon-là dans son habit à grelots. Mais y-a-t-il dans cette fête encore de nos jours des similitudes avec le personnage et son rôle? Déguisements? Activités?
    Bravo pour toutes ces belles photos. tout cela est passionnant.

    • LA FETE DU BOUFFON A SAINT QUENTIN
      « Chaque année, le week-end de Pentecôte, les rues de Saint-Quentin s’animent pendant trois jours au rythme de spectacles musicaux, de défilés de chars, de la parade des géants et du carnaval de nuit. La tradition carnavalesque existe depuis des siècles. Nous travaillons à redonner du sens à cet événement sacro-saint, en créant des passerelles historiques avec le passé de la ville. C’est ainsi qu’est né le personnage du bouffon, roi de la fête, qui est représenté en sculpture sur la façade de l’hôtel de ville.

      Lors de l’ouverture officielle, le maire de la ville me remet, en qualité de bouffon, la marotte, symbole du pouvoir sur la cité. Ce personnage, moqueur et grimaçant, est présent partout, au courant de tout et reconnu par tous. Le vendredi, marqué par la tradition musicale très forte à Saint-Quentin, est consacré à la parade des enfants des écoles : c’est une manière de leur transmettre cette culture.
      On peut aussi se rendre dans le village du bouffon où sont réunis des forains, des artisans, des représentants de la gastronomie locale, des groupes de jazz, de rock, de fanfares.

      Le dimanche, plus de 40 chars défilent dans les rues sous le regard des spectateurs qui viennent saluer le bouffon et les deux géants, Herbert et Eléonore, qui sortent à cette occasion. (5,60 m pour le comte, 120kg et 5 mètres pour la comtesse, 100 kg. )
      Mais pourquoi donc avoir choisi Herbert et Eléonore comme symboles de la cité des Pastels ? Herbert IV, comte du Vermandois a remis en 1080 des franchises à la ville. Un acte qui fit de Saint-Quentin une des premières communes à être gérées par un conseil et non plus par un noble ou directement par le roi.
      Quant à la comtesse Eléonore – il ne s’agit pas de l’épouse d’Herbert -, elle fut la dernière comtesse du Vermandois et elle a confirmé en 1195 la charte passée par son ancêtre avec le roi Philippe-Auguste.
      Un 3ème géant est né en 2010 : Maurice (Quentin de la Tour)

      Pour rappeler l’esprit médiéval des fêtes et de la ripaille, nous distribuons une gigantesque soupe de plus de 3 000 litres. Vient ensuite la Danserye médiévale où nous espérons que de plus en plus de spectateurs viennent costumés.

      Notre grande fierté, c’est le défilé de nuit, le Délire en fanfare. Au rythme des groupes musicaux, les gens se libèrent totalement. Plus de 20 000 personnes déambulent dans les rues en dansant. Pour clore ces festivités, un feu d’artifice musical est tiré. A chaque fois, c’est une année entière de préparation, un grand travail de la part de l’équipe de bénévoles passionnés. Mais nous sommes récompensés car le public est connaisseur et commence vraiment à éprouver un sentiment de fierté à l’égard de ces fêtes, une familiarité avec le bouffon et les géants. Cette manifestation est fortement enracinée dans notre culture picarde et je suis sûr que nous allons transmettre cela aux futures générations. Le pari sera gagné ».
      LESOT Jean-Paul, Président de l’association des Fêtes du Bouffon

      Les concerts de carillon font aussi partie de la fête du Bouffon.
      On peut aussi croiser, au cours d’une des journées, nos élus locaux et autres personnalités, en costumes d’époque, figurant diverses fonctions ou personnages historiques

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